Catherine Meuwese, un parcours a-typique

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Je parle de "parcours atypique" car rien ne me destinait à apprendre puis à enseigner le chinois. Il est vrai que lorsque je me suis vraiment  intéressée à cette langue, autour de mes vingt ans, j'appartenais déjà à une famille cosmopolite, tout en étant née en France et vivant dans ce pays. Apprendre le chinois ne faisait finalement  qu'accroître la panoplie des langues auxquelles j'étais familiarisée. Si on ne remonte que deux ou trois générations, les patronymes portés par différents membres de ma famille le prouvent : j'ai du sang néerlandais, russe, grec, anglais mais si on remonte un peu plus haut, du sang français et espagnol.
Les langues m'ont fascinée depuis mon enfance, mais plus que les langues, les civilisations qui les ont accompagnées dès leur prime existence. Gamine, je dévorais déjà  toute la littérature de contes russes, en traduction française car à l'époque je ne m'étais pas encore lancée dans l'étude de cette langue. L'alphabet cyrillique exerçait sur moi une magie incomparable, quant aux mots du russe prononcés du côté maternel et appris ensuite, ils roulaient harmonieusement  dans  mon esprit et à mes oreilles comme des perles qu'on déverserait  sans une coupe en bronze. Il suffisait que toute cette initiation à un "parler" autre et à un "penser" autre  parlent à mon imagination et je me sentais transportée.
À cette envie  d'apprendre des langues et les civilisations qui les accompagnent, j'étais animée d'une grande curiosité, et voilà comment un jour, c'était en octobre 1962, je me suis inscrite par hasard au cours de chinois de l'École nationale des langues orientales, très ancienne école, fondée par Colbert.  J'étais sure que j'abandonnerai au bout de trois mois mais je persistai en me disant que j'en saurai plus sur le fonctionnement de la langue. Et bien je n'ai pas abandonné pour les raisons évoquées plus haut : je me suis mise  à découvrir tout un pan de culture insoupçonné qui parlait à un plus haut point à mon imagination. J'ai même abandonné le russe dont je poursuivais l'étude et obtenais un diplôme et  toute ma carrière  professionnelle s'est déroulée autour du chinois. Et j'ai sincèrement pensé qu'il fallait que le monde occidental, en l'occurrence la France et le monde chinois apprennent à se connaître et à s'apprécier. Je me suis sentie un peu "missionnaire" dans l'âme, quitte à aller enseigner dans le secondaire alors que j'avais toutes les chances de m'implanter à l'université  (j'y ai fait cependant des incursions très régulièrement). J'ai d'ailleurs éprouvé la nécessite d'écrire un blog sur  cette partie de mon existence que je considère comme animée par le destin [1] , blog  qui pourra intéresser ceux qui se livrent à l'enseignement du chinois et en font leur profession. En ce qui me concerne, rien n'a été facile car j'ai été pionnière de l'enseignement du chinois dans le secondaire et j'estime que mon expérience mérite d'être relatée.

Je parle aussi d'un parcours atypique car rien ne me destinait à faire partie de l'Éducation nationale et à enseigner le chinois. J'ai grandi dans le milieu de la Haute Couture. Mon père était modéliste et ma mère mannequin, tous les deux célèbres en leur temps[2].  Les chiffons m'intéressaient, il est vrai et  je voulais être styliste. Mais la vie est ainsi faite que les enfants doivent prendre leur envol. Je l'ai pris en direction de la Chine.

Et enfin pour justifier le titre de ce blog, j'ai jugé utile de mettre à la portée des "curieux"mon curriculum vitae